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Stachemou au Burundi
2 août 2014

"C’est l’Afrique..." Partie 2

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   Depuis quelques jours, je suis fébrile. Je n’ai aucune nouvelle du colis que je dois recevoir de France. Le site de la Poste m’indique toujours la même : « Votre colis a quitté le territoire ». Et depuis plus rien. Dans ce paquet, il y a ma chicha et je rêve (littéralement) du jour où je pourrais enfin la tirer. Après deux semaines sans nouvelles, je décide de passer à l’offensive. Je me renseigne auprès de collègues qui m’assurent que c’est normal et que la livraison est un peu longue. Le bureau du PNUD en charge de la logistique m’indique que je serai contacté une fois le colis en leur possession. En effet, pour plus de sécurité, le colis doit être livré à la boîte postale du PNUD. Le colis est parti le 15, on est le 29. Je me rends à la poste centrale de Buja. J’arrive trop tard, le service qui délivre les colis est fermé depuis 16H30. Je demande quand même si le colis est bien là. La bonne femme, léthargique, consulte son registre. L’avis tombe comme un couperet : "Non votre colis n’est pas chez nous". Je fonce au bureau et appelle la France. Après quelques démarches, la Poste affirme que le colis est retenu à la douane burundaise et me transmet le numéro de dossier/colis.

Le lendemain après midi, direction la douane. Les bureaux sont à l’aéroport, à 10 kilomètres du centre de Bujumbura. Je décide d’y aller à pieds malgré la chaleur accablante. Après une heure de marche, je me suis perdu. Je croise un policier et lui demande mon chemin. Il me regarde étonné et m’avertit que j’en suis encore loin et me conseille d’emprunter une moto taxi. On en croise une, et le flic interpelle le conducteur. Celui-ci refuse de s’approcher par crainte sans doute. Je m’empresse de remercier le keuf et court vers la moto.

"-  Pour l’aéroport c’est combien ?

- C’est 5000.

-Non, c’est 3000."

Deal conclu, et on fonce vers l’aéroport. Il tend me le casque : avec une noix de coco sur la tête, j’atteindrais probablement le même niveau de sécurité. Arrivé à l’aéroport, je me dirige au bureau des douanes. Rencontre avec un premier douanier :

"- Vous ne pouvez accédez à cette zone, il vous faut la lettre de voyage du colis.

- Mais je ne l’ai pas.

- Vous devez voir ça avec la France.

- Mais le colis est à mon nom, il est pour moi.

- Non Monsieur, ça ne change rien.

- Je pourrais au moins savoir si vous l’avez ?

- Allez dans le bâtiment à côté."

Je m’y rends, il est en fait à 100 mètres… Je tombe sur un employé super sympa qui prend le problème à bras le corps. Retour au bâtiment principal. On apprend que les colis ne sont pas retenus par la douane mais sont directement dispatchés au bureau central (le même endroit où j’étais la veille). Je dois donc retourner à Buja. L’employé sympa me négocie une moto taxi pour 75 centimes d’euros. Un flic passe par là, et m’indique que la moto taxi en question ne peut opérer dans cette zone. Il me dirige vers des taxis qui ont assisté à la scène et me réclame alors 15 euros. Really bitch ? Tu vois le décalage ou pas ? Blasé, je leur fait "C’est mort, j’irai à pieds." Je fais 20 mètres et ils comprennent qu’ils ne caseront pas la disquette. Ils "m’autorisent" alors à prendre la moto taxi. Je vais être clair, à partir de ce moment, je suis passablement énervé. Le reste de l’après midi ne va pas arranger la situation.

Trois bureaux sont susceptibles d’avoir mon colis.  Je décide d’être méthodique et de commencer par le plus éloigné du centre. "Non, Monsieur. On ne reçoit pas de colis ici. Nous n’avons pas de convention avec la France." Sans tarder, je me rends au deuxième. "Vous attendez un colis pour la France ? Je vais regarder le registre." Après trois minutes : "Non, votre colis n’est pas ici."

Troisième et dernier bureau. Ca va devenir carrément épique. Je tombe sur la même bonne femme léthargique de la veille. Je lui balance mon nom, elle consulte son registre que je scrute également. Elle me sort :

"-  On n’a pas votre colis.

- Pourtant, il est ici." Je percute mon nom et je m’écrie :

"- Là c’est moi."

Elle me tend son registre et je lui montre. Elle me demande ma carte d’identité que je m’empresse de sortir. Je dois m’acquitter de trois euros pour récupérer mon colis. Très bien, enfin je l’ai. Je me dirige vers la sortie. Et je me fais alors intercepter par un mec de la douane "Faut payer la douane maintenant". Et je viens de payer quoi ? Je lui dit ok en précisant que je veux bien payer mais aucun tarif inventé. Il fait le vexé et me répond "Ici au Burundi, on est sérieux" et me présente le cahier des taxes. Sur la figure du type il y a marqué "fils de ****". Je sens que je vais me faire cartonner ce qui a une vague tendance à tout de suite me blaser. Bingo ! Après un calcul obscur, je dois m’acquitter de 50 euros (100 000 francs bu). LOL, je reviens. Je vais chercher une collègue burundaise qui me confirme que c’est excessif. On revient le voir et après 10 minutes de négociations il lâche blasé : "Ok, va pour la moitié". Je lui balance "J’ai que 40 000" alors que j’avais ramené toutes mes tunes (environ 120 000 francs bu). Il se met à rigoler. Moi pas. Il refait  alors son calcul de la taxe et parvient à tomber sur 38 000 francs bu et des poussières. Le type est un génie ! Je lui tends les billets et il me rend ma monnaie.

 

Je récupère mon colis et pars avec la sensation d’avoir évité la disquette ultime. Je dois trouver un taxi pour rentrer à la maison. J’en vois un :

"- Pour aller à l’école internationale, c’est combien ?

- C’est 4000.

- Non c’est 3000.

- Non 3500.

- Arrêtez, c’est 3000 !

- Ok, montez."

 

Jusqu’au bout, cette journée aura été épuisante.

 

 

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