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Un petit post pour décrire un peu plus sérieusement Bujumbura et le Burundi dans son ensemble. Qu’on se le dise, le Burundi n’est pas le pays où t’irais passer des vacances. Absolument tous les expats que j’ai rencontrés sont là pour une mission humanitaire peu importe leur nationalité. Les infrastructures touristiques et les infrastructures tout court font largement défaut. Par exemple, le réseau sanitaire de Bujumbura date de la colonisation belge…

Selon le dernier classement des pays par PIB, le Burundi est le troisième pays le plus pauvre du monde juste après les Malawi et la République démocratique du Congo, ça te pose une ambiance. 67% de la population vit en dessous du seuil de pauvreté, 81% des burundais vit avec moins de 1,25$ /jour, 58% des enfants souffrent de malnutrition, l’espérance de vie y est de 54 ans. La vie pour les Burundais est dure, tu le vois quand tu marches dans la rue alors que Bujumbura est la ville la plus développée du Burundi, il serait plus vrai de dire que c’est la seule ville du Burundi. De nombreuses personnes sans chaussures, portant des vêtements troués, usés jusqu’à la corde déambulent inlassablement dans la ville. A côté du marché central, qui a brûlé d’ailleurs ce qui a été vécu comme un drame national car c’était le poumon économique du pays, j’ai croisé une femme tellement maigre que sa peau pendait : tout avait fondu et j’ai compris bien malgré moi le sens de l’expression « avoir la peau sur les os ». Une autre, assise à même le sol, donnait le sein à son enfant. Elle était si famélique que je me suis posé la question « quelle force peut-elle donner alors qu’elle n’en a pas pour elle-même ? » Des enfants de deux ans, pieds nus, chichement vêtus errent dans les rues et mendient auprès de la population.

Tu vois des mecs trimer toute la journée à pousser des vélos chargés de marchandises. J’ai vu un vélo avec de la paille empilée sur 3 mètres de haut. La tenancière du « boui boui » en face de chez moi est déjà levée quand je quitte l’appart vers 7 heures du mat. Le soir elle ne ferme pas avant 22h-23h. Tu comprends le sens du mot tiers monde. Moi qui avais du mal avec la pauvreté, je suis servi.

Un fonctionnaire gagne à peine 100 euros par mois, chaque midi tu claques 5 euros pour manger. Sur le mois, ça fait 140 euros. Juste ton budget déjeuné est une fois et demie plus important que son salaire. Tu comprends mieux alors la corruption. L’année prochaine auront lieu les élections. Et ? Le pays risque de basculer dans la violence car là aussi, la démocratie n’a pas fini d’être apprise. Un des plus grands journaux du pays consacre un magazine spécial pour appeler les partisans de chaque camp à ne pas sombrer dans la violence et d’accepter les résultats en cas de défaite de leur champion. La première de couverture te montre une troupe d’hommes armés de bâtons, de gourdins. Une autre manière d’aborder les choses… Je ne parlerai pas de la guerre civile que le pays a connu jusque dans le début des années 2000.

En discutant avec les collègues, j’ai appris que Bujumbura faisait office d’écrin par rapport au reste du pays. Je suis censé faire des missions à l’intérieur et j’appréhende déjà d’être confronté au dénuement le plus total. Pas d’eau courante, pas d’électricité, la nourriture consommée est la nourriture qui est produite localement.

Et toi, tu profites de la vie. Ca créé un sacré décalage surtout qu’il n’y a pas le périph pour te cacher la misère. Ca fait un peu naïf ce que je dis et j’en ai conscience. J’avais beau le savoir avant d’arriver, la confrontation avec la réalité n’en est pas moins brutale.

Bienvenu au Burundi, 3^ème pays le plus pauvre du monde !

Dure la vie

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